1. |
Dire
04:07
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DIRE
Paroles et musique Ivy
© Les éditions Ad Litteram, 2008
Dire directement sans salmigon…DIRE
Avant que la mort vienne nous rai…DIRE
Ce que la vie aura voulu nous DIRE
Du tout au tout sans jamais défaillir
DIRE qu’on s’endort en plein après-mi…DIRE
Qu’on travaille trop, c’est pas nouveau à DIRE
Qu’on cherche encore un coin de para…DIRE
Rapidement, c’est bon pour le cardio
Quoiqu’au micro, c’est un peu idiot
DIRE des gros mots pour se faire applaudir
Tourner les coins ronds espérant arrondir
La fin du MOI
Et le début de NOUS-rire
Tout son soûl, surtout quand c’est pas fake
Ça vaut le coup
Ça vaut un steak
DIRE le petit enfant combien il va gran…DIRE
La belle balle apprendre à rebon…DIRE
Qu’il était pas plus grand que mon bras
Et dire que bientôt il m’arrivera là ou là
La la la human step by step bye bye bébé
Dire tendrement tu sais c’est dur à dire
L’amour qu’on éprouve jusqu’à nous étourdir
Que s’il nous arrive parfois de le maudire
Combien on est pressés
De recommencer
S’enlacer, c’est pas assez, c’est si bon – cécité6
À quoi bon s’exciter
L’amour est aveugle, voilà la vérité
6 S’enlacer, c’est pas assez, c’est si bon, c’est cité.
DIRE les yeux noirs de la mère en colère
Les kids en kaki qui suivent les va-t-en guerre
Et taire ces vagues qui ne cessent d’assourdir
Les appels à la paix qu’on voudrait rétablir
TAIRE
Ces nations iniques sur un modèle aryen
Ces peuples qu’on voit s’étriper pour rien
Ce tumulte de cris, de verres et de noyés
DIRE Manhattan et le ciel foudroyé
DIRE tant de mots tsé veut dire on a beau
Dire et beau jeu de se croire pas si pire
Les mots montent en mottons
Mettons au coton
Moitié notés au ton ouaté
Les mots démons
Les maudits anges médisants bizarres et zézayants
Les mosaïques des mausolées – mots isolés des alcooliques
UNANIMES
Dire les raisons et les verbes d’éta…ble de conjugaison
Les excuses et les exceptions
Am stram grammatical et collé gram
Tous les mots de la langue s’empilent l’un l’autre et me montent au cerveau
DIRE tant de mots tsé veut dire on a beau
Dire et beau jeu de se croire pas si pire
Les mots montent en mottons
Mettons au coton
Moitié notés au ton ouaté
Dire Manhattan et le ciel foudroyé
À quoi bon s’exciter
L’amour est aveugle
Voilà la vérité.
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2. |
Montréal
03:46
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MONTRÉAL
Paroles Ivy Musique Ivy + Édouard Dumoulin
© Les éditions Ad Litteram, 2008
Maintenant, je veux que tu déchires la ville
Que tu lui fasses la peau
Pour te faire les griffes
Comme on fait l’amour
Pour passer à travers un sujet
Je veux que t’écrases cette ville qui fume
Pour ne plus jamais recommencer
Quand Montréal nous tient dans sa toile
De ruelles ramifiées
On fait mouche à tout coup
Chacun sa vie à son fil
Sa ville à son goût
Moi, ma ville file comme une araignée qui se défile
Presque hostile
Au défi de la postérité
Montréal, c’est la modernité
C’est ce qui se dresse
Quand tu traverses l’eau
C’est ce qui te reste
Quand le reste fait défaut
Sans-abri, sans maison_neuve
Les Iroquois font b’en ce qu’ils peuvent
Tant que le beat coule
Les fluides circulent
Les tam-tams soûlent la foule
Sous la canicule
Et qu’on se métisse
Et qu’on s’amalgame
Et qu’on tisse la trame du Grand Slam
Viens, y en a tant que t’en veux
Pour les oreilles et pour les yeux
À toute heure du jour
Et de la nuit
Y a pas d’erreur
N’aie pas peur
De l’euphorie
Des couleurs
T’as pas d’casque, pas d’froque, pas d’job, c’est dull
Toi qui rêvais d’être une idole
Lâche pas le fruit est mûr en son entier
T’as qu’à choisir ton quartier
Prends ma main
Pose ta tête contre mon épaule le pont est en vue
La ville pâlit : deux points, ouvre les guillemets
Et le jour point, mais…
La ville bleue un instant fait silence
Dans la rumeur montante
Ferme la parenthèse
De ceux qui se taisent
Et regarde
Nous sommes loups dans la bergerie
Lus dans les librairies
Renards dans le poulailler
Agneaux pascaux
Parc’ qu’au fond
Nous avons
Les oeufs dans les nids-de-poule
Et les mots dans les bouches du métro
Nous t’encensons
Car tu nous enseignes
Jusqu’à la lie des tavernes libres
22
La ville rouge
De partout_zes7, elle bouge
La chienne est tentante
Ouvre la parenthèse
À l’aise
Et regarde les branches prendre les rues
Les écureuils tomber des nues
Et nous deux, ébahis
D’aller trouer la nuit
Montréal, c’est aussi la hache solaire
Qu’on déterre
C’est la Montagne dans un verre d’eau
Le champagne en esperanto
La campagne en apéro
Montréal m’accompagne sous le manteau
C’est Paris, si c’est par en haut
New York City par défaut
C’est une rime de plus parmi tous les mots
Parmi tous mes maux
Parmi tous les morceaux
C’est Québec, moins son château
Squatec, plus le techno
C’est la Beauce moins les gâteaux
La sauce sans les caillots
C’est une rime de plus parmi tous les mots
Parmi tous mes maux
Parmi tous les morceaux
Si jamais tu veux te trancher les veines
Coupe donc à travers les artères
T’es pas au Québec
T’es à Montréal
Fais attention à ton joual.
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3. |
Le Saule et Celles Sous
02:49
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LE SAULE
ET
CELLES SOUS
Paroles Ivy Musique Alex Bellegarde/Ivy
© Les éditions Ad Litteram, 2008
À l’entrée de l’autoroute
Deux femmes font du pouce
Sous un saule pleureur
Et moi je devine leur coeur
Fier comme une chaude pierre
Elles ravalent tour à tour leur salive
Moi, ma première bière arrive
Dans l’hôtel face à l’autoroute
Deux jeunes femmes poucent
D’aval en amont
De Laval à Montréal
Je trinque aux lueurs boréales rousses chambrées
Cendrées
Blondes et Lager
Naguère
Ma jeunesse
Tentait le diable
Pouce levé
Insatiable
De trouver
La Sagesse
Au milieu de la route
Au lieu du doute
Alors qu’elles, c’est drôle
Un pack sack chaque sur l’épaule
Elles sourient aux drôles de geôles
Aux geôles de tôle qui les frôlent
Elles s’abandonnent
Si bien au voyage
C’est si belle leçon de courage
Elles ont su tirer le cran d’arrêt
Et sonner le départ
Oui, partir comme on partirait
Si on n’était pas caméléopard8
Perdu en ce coin de pays
Je me sens seul
Si esseulé
Quand la lune veule vient me trôler
Isolé
Dans ce bar nyctalope
Revampé en truck stop
Peuplé de lycanthropes
Tourner toute la nuit
Comme une toupie
Sous le saule
Sous le ciel
Fuir mes ennuis
Comme un jeune hippie
Changer de rôle
Avec elles
Une auto s’arrête
Une portière s’ouvre
Et la nuit les recouvre
Une auto s’en va
En aval de Montréal
Et la nuit l’avale
À l’entrée de l’autoroute
Le vieux saule
Pleure leur départ
Moi je mange une croûte
Je me sens drôle
Et pris de doute
Je détourne le regard
Je pense aux promesses
De la jeunesse
Et à la route
Éternelle
Je songe à regret
De n’avoir pas fait
Un bout
Avec elles.
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4. |
Volant Voyant
04:29
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VOLANT
VOYANT
Paroles Ivy Musique Philippe Brault
© Les éditions Ad Litteram/© Ho-Tune musique, 2008
Jouer sa chance
À chaque tournant
Changer de vitesse maximum
Au tempo du momentum
Les lamentos
De mon auto
Me ramènent au
Mémento
Du mécano
« Tu ne feras pas cent kilo-
Mètres/Maître
Sans naître
De nouveau »
Foncer tête baissée
S’essayer, ne pas faire qu’essayer
Pas de recul
Sans pas de placement
Sans embrayage
Sans marche avant
Demandez aux vivants
Demandez aux vieux routiers
Que la route soulage
À moitié
S’ils avaient su
Qu’avec l’âge
On ne peut tout oublier
Ils seraient restés
Humblement liés
Au foyer
Souvenir brû-
Lancinante bles-
Surlignant le voyage
À grands renforts de phares
Traits de craie blafards
Sur le paysage
Au passage à niveau (à tabac ?)
– Arthabasca – Au-delà
De quoi
Tout oscille
Dans le sillage
Tout retombe dans le silence
Des combes
À Tombeau ouvert
Nosferatu (Verras-tu ?)
À Tombeau ouvert
La chauve-souris
(Sauve qui peut !)
Et qui sourit
À qui sait tout oublier
Joue ta chance
À chaque tournant
Change de vitesse comme un homme
Au tempo du momentum
Mes errata
Me ramènent à
L’attentat
Du silence kamikaze
Ponctué de cris d’effraie
Et de coups de gaz
Que la route défraie
Que la nuit s’offrait
Tous azimuts
Le volant, c’est la planche
De salut des cerfs
Le signal de fumée
Au panache
De la ligne blanche
Souvenir brû-
Lancinant che-
Maintenant
Ton visage
Apparaît à grands traits
De craie
Sur les nuages ardoise
Ton image plane comme une raie
Sur mon rivage
Dianémone9 promise
Appétit que la mémoire aiguise
Des mélèzes
Aux chemins pentus
Des yeux de braise
Aux cendres répandues
Tout s’imprime
En son ornière
Et à ces heurts
Qu’on ne saurait oublier.
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5. |
Tireur d'Élite
05:21
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TIREUR
D’ÉLITE
Paroles Ivy Musique Philippe Brault/Ivy
© Les éditions Ad Litteram/© Ho-Tune musique, 2008
Le scoop de l’heure
Une autre tuerie
Où le tueur
S’est fait hara-kiri
Et c’est reparti : le Show gun11
Télé_viser le public cible
Toucher le plus de gens possible
Columbine Virginia Tech Poly Technique Dawson
They won’t forgive you my son
For what you’ve done
Fallait le voir
Pour le croire
Écrit en lettres rouges
Et noires
« Personne ne bouge »
On y reste
Ou c’est l’départ
Un seul faux geste
Et le coup part
« Personne ne bouge »
Aux pieds des victimes abattues
La terre battue
Et ceux qui se sont tus
« Changer de poste »
Tomber des nues
Devant la réalité crue
L’infinie cruauté
De l’actualité
« Changer de poste, changer de poste »
Les morts sont morts
Et le poids de leurs corps
S’ajoute juste
Aux remords
S’ajuste au grand public
« En différé
Ou sur le vif
Chaque spectateur est captif
Pourtant
D’une authentique complicité »12
En Amérique
Amer ricanement
Du divertissement
Ris de tout, tout l’temps
Ris à bout portant
D’une balle perdue pendant tes vacances
Un attentat
Une overdose
Mourir de ça
Ou bien d’autre chose
Toujours trou d’cul dans la surabondance
Ce qu’en dit la twit
À la télé on s’en balance
Tireur d’élite
Délit de fuite
Y a même plus de lit
Dans les urgences
Télé_viser le public cible
Toucher le plus de gens possible
Columbine Virginia Tech Poly Technique Dawson
They won’t forgive you my son
For what you’ve done
Les morts sont morts
Faut pas que je déconne
Les morts sont morts.
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6. |
Salsa Slam
03:48
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SALSA
SLAM
Paroles Ivy Musique Philippe Brault/Ivy
© Les éditions Ad Litteram/© Ho-Tune musique, 2008
« Comment pouvez-vous acheter ou vendre le ciel, la chaleur de la terre ? L’idée est
bien étrange. Si on ne possède pas la fraîcheur de l’air et le miroitement de l’eau… »14
« … comment (pouvez-vous) les acheter ? Chaque parcelle de cette terre est
sacrée »
« Chaque aiguille de pin, chaque rive sableuse est sacrée »
« C’est la terre de mon peuple »
« L’homme blanc abandonne la tombe de ses aïeux, et cela ne le tracasse pas »
« L’homme blanc enlève la terre à ses enfants et ça ne le tracasse pas »
« La tombe de ses aïeux et le patrimoine de ses enfants tombent dans l’oubli »
« Il traite sa mère, la terre, et son frère, le ciel, comme des choses à acheter… »
– « piller » –
« … vendre comme les moutons ou les perles brillantes. Son appétit dévorera la
Terre et ne laissera derrière lui qu’un désert. »
On n’est pas les premiers-nés de l’Amérique
On est les fils aînés de l’ancienne Armorique
Enfermés dans les serres de notre hémisphère
Solitaires et sourds aux prières des héritiers de la Terre
Mon frère, on se soucie d’eux, comme d’une litière
On n’est pas les premiers-nés en ce pays
La désinformation s’est acharnée à ce qu’on l’oublie
Mais du Mexique au Canada
C’est la loi le bras droit des États
USA – You, essaye pas
Para todos todo para nosotros nada 15
Bienvenue au Canada
On n’est pas les premiers-nés en ce pays
La désinformation s’est acharnée à ce qu’on l’oublie
Fiers de notre spécificité de race
On s’attache à complexifier les clauses et les paperasses
Un attaché de presse assez pressé merci
Poursuivi sans cesse par un attaché-case
S’est enfin décidé à céder ses idées
Pourvu qu’on lui ouvre le tiroir-caisse
Pourvu qu’on reste coi – qu’est-ce que tu dis ?
Je ne sais pas, dérange-moi pas, j’observe !
Sans sang sur les mains sans censure – moins certain
La question des Indiens, on la traite sous réserve.
On est de fine pointe à l’encre sympathique
On est de face au fond des mains dans les arrière-boutiques
On n’est pas les premiers-nés de l’Amérique
C’est la loi le bras droit des États
USA - You, essaye pas
Para todos todo para nosotros nada
Bienvenue au Canada
On est de fine pointe, à l’encre sympathique
On est de face au fond des mains dans les arrière-boutiques
Assis sur notre rectitude analytique
On est d’outre-pacifisme, on est d’outre-Atlantique
C’est le brouillard sur les ondes de communication
Les fantômes du passé sont en vie, attention !
« La tombe de ses aïeux et le patrimoine de ses enfants tombent dans l’oubli »
Tout un micmac sur l’autoroute de l’information
Un peuple en banqueroute réclame sa nation
On est de fine pointe à l’encre sympathique
On n’est pas les premiers-nés de l’Amérique
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7. |
Le vent Des Urnes
03:45
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LE
VENT
DES
URNES
Paroles et musique Ivy
© Les éditions Ad Litteram, 2008
Les candidats nous font la cour
La chlamydia se cache dans leurs discours
La contagion se déplace
Et je m’efface face à l’Élu
L’Ecce Homo16
Etc.
Garde ta fausse vertu
Ton doigt de ciguë
Qui l’eut cru
Que c’est pas Ponce Pilate
Mais les démocrates
Qui firent mourir Socrate
A) V’là l’bon vent, le joli vent des urnes qui nous appelle
A) Ouvrons nos esprits à l’eucharistie laïque
Au credo des gogos gagas de République
L’encre perle
Le ventre parle
À l’appel de l’arlequin_quagénaire17
Des profits aux vendus
Pour faveurs obtenues
Mais de la coupe aux lèvres, il y a plus
Quand la basse-cour mange dans ses mains
Le coq chante tant de fois18
Que sa voix en perd le grain
Démocratie capitaliste
Des mots téteux en tête de liste
Des MARIOnnettes et des PETitions de principes
Des tailleurs de gras et de pipes
Le citoyen moyen se cure le nombril
Il prend parti, c’est sûr, c’est parti pris pour lui
Si voter changeait vraiment la vie
Crois-moi mon ami
Y a belle lurette qu’on l’aurait interdit19
(A)
Que la volonté du peuple soit faite
Que le prophète partisan flatte dans le sens des aiguilles de la peur
À mesure que l’angoisse appuie sur l’accélérateur
La vitesse aidant, le point G – envie de toi
Ouvrant au jour J
L’orgie où se frottent les lobbies
Et tous les organes du pouvoir
Et tous les organes au pouvoir
(A)
Prosternez-vous au spectacle
Du tabernacle
Où crèche l’Ostie d’chow mein des pis_allés_luias
et pis à vau-l’eau
Quand la vache ré_vêlera20
Le nouvel Allah
Et je m’efface
Face à l’élu l’Ecce Homo
Et je m’efface
Face à l’élu l’Ecce Homo
Et je mets fin à la farce de l’élu
Et je lui crache en pleine face
Ce que je pense de lui
La vraie démocratie devra être faite par tous
Non selon le mauvais goût
De quelques élites culottées
Qui eurent jadis le culot de chasser
Les poètes de la cité
Démocratie aseptisée
Pour du vent et pour des prunes
Les maux de l’homme jetés
Aux pourceaux
Dans la fosse commune
Et je m’efface face à l’élu,
L’Ecce Homo, etc.
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8. |
Immi_Grand_Slam
03:16
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|||
IMMI_
GRAND_
SLAM
Paroles et musique Ivy
© Les éditions Ad Litteram, 2008
Les immi_grandissent
Comme nous : pouce après pouce
Ils poussent
Comme toute bonne repousse
Tant qu’elle a la ressource
La graine d’immi_grandit comme il faut
Si elle a le bon terreau
Les minéraux
De l’eau
Et surtout du pot
– Ça coule de source –
Les immigrants boivent comme nous :
Par la bouche
Et par la bouche de ce paysage
Au visage pâle
À grands traits tirés
Ils trouvent le tour de respirer
De rester inspirés
Tant ils ont bon dos
Et bonne attitude
Au jeu du tournedos
Des deux solitudes
Dont on a l’habitude
À peine débarqués
Dans notre pays hôte
Vous avez remarqué ?
Ils sacrent comme nous autres
Quand y pètent une bolt
Ils parlent tellement en tous sens
Ça part de tout bord, tout côté
Le mal de leur pays
Dit les mêmes niaiseries que nous
À cent mille milles du Tout-Paris
Les immigrants sont aussi
Germes d’ici dans23 la francophonie
Ici, ça fait 250 ans
Qu’on va d’accommodement en accommodement
Que les nouveaux venus veuillent en faire autant
C’est-tu si surprenant ?
Comme les Bouchard, les Fréchette, les Turcotte et les Matte
C’est b’en plate,
Eux aussi s’acclimatent
mais avec ton accent de mal – l’axe du malheur
Tu viens d’où ?
Je viens d’août ?
Je viens de juillet, de septembre, d’octobre
Par-dessus tout, je viens quand ça m’tente
J’viens par tous les coins d’horizons
Quand c’est bon
À grands coups de hache
Dans mon foyer natal
J’ai fait des Appalaches
Mon chauffage central
J’ai fumé jusqu’aux transes indiennes
Exilé l’espérance acadienne
Aimé la juive errance comme mienne
Et ces chemins de France en terre canadienne
M’ont ramené chez nous
À cent mille milles de route du doute
Les immi_grandes de gueule
Poursuivent l’aventure
De la parlure
De vos aïeuls
Vos gueules
On est québécois comme toi
Comme toi.
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9. |
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ENTRE
TOI
ET
MOI
/CANTAT
GIANT25
Paroles et musique Ivy
© Les éditions Ad Litteram, 2008
Entre toi et moi
Y a l’espace d’un instant
Traversé de lumière
Entre toi et moi
De toi à moi
L’âne hésite
Entre la paille et l’eau
Et la vie et la mort
Entre toi et moi
La lueur est soudaine
Entre toi et moi
Y a l’amour en droite ligne
Et les nombreux détours
Qu’il emprunte quand il crie au pardon
Entre toi et moi
Y a souvent si peu d’air
Que la survie m’impose le bouche-à-bouche
Entre toi et moi
Et le drap qu’on dépose dans la chambre froide
Entre toi et moi
La lueur est soudaine
Le vase déborde
Et les pleines rivières
Où les perles s’enfoncent sortent du lit
Mais si peu d’air…
Entre toi et moi
Les coquilles et les fautes de frappe
Nous frappent
Quand y a moins de dix pas
Il faut les compter
Même si l’on foule des oeufs
Entre toi et moi
Y a des croix blanches sur la cheminée
Mais entre toi et moi y a surtout beaucoup de fumée sans feu
Et moi je t’aime
À quelques pas de toi
Quelque part que j’aie je la veux partager avec toi
Ça te fait quoi que je t’aime de devant, derrière
En solitaire
Dans mon secteur section imaginaire
Ma géni_albatros
Baudelairienne26
Indépendante et mili_tentation forte
Asteure que ton musc est un must dans mes odeurs
Ton musc est un must dans mes odeurs
Les nuages déroulent la nappe
Viens cachons-nous sous la table
Les miettes tombent en grappes
Comme la manne, man
La manne de la fable
Huit ans pour… Quand t’as27 le temps d’écrire
Et l’éternité pour relire – Marie –
Et l’éternité pour Marie
« Bénie sois-tu entre toutes les femmes »
Ton sacrifice chèvre immolée
Holocauste toujours renouvelé
Des victimes de l’amour
Lève son aube sanglante sur nos vies
Bertrand sois-tu Marie
Le jeune homme se sauve en coulisses
Et m’agrippe à l’improviste :
« les artistes sont la lumière de l’amour, mais surtout la nuit »
Sur les murs de la crypte
Il grave les jours qui se font en lui
Les joints s’effritent avec le temps
et les souvenirs se cristallisent
les chiens.
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10. |
Serre et Monie
02:22
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SERRE
ET MONIE
Paroles Ivy Musique Philippe Brault
© Les éditions Ad Litteram/© Ho-Tune musique, 2008
Dans la rue, je lève le poing, je l’ouvre, regardez-le : c’est votre main, la voyezvous?
Dans la rue, je demande, je parle avec des mots, écoutez-les, ce sont vos propres
paroles, entendez-vous ?
Si ce n’est que le vent
Il souffle pourtant
C’est un garçon, touchez-le, c’est votre chair et votre sang, le sentez-vous ?
Dans ses yeux clairs, je vois flou, je les frotte, séchez-les, ce sont vos larmes, les
goûtez-vous ?
Voyez-vous, bras et jambes entremêlés,
Jouer du coude pour avancer
Tendre la main et se brûler,
Se propager, comme une pluie d’étincelles,
Comme ces cris dans la ruelle
Qui nous appellent – qui appelons-nous ?
Si ce n’est que le vent
Il souffle pourtant
Si ce n’est que le souffle,
C’est déjà la vie qui fuit
L’habitude nous emmure dans son armure
On s’croit de bois, on s’croit de fer
Soudain on est parfait pour l’enfer30
Coeur de pierre, seul sur terre
Qui sombre au fond de la rivière
Emporté par les remous
Qu’on aurait pris sur nos genoux
Si l’espoir n’est pas de ce monde il naît de ce monde
L’espoir n’est pas de ce monde, il naît de ce monde-ci
Il n’est nulle part de monde aussi beau que celui-ci
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11. |
Mauvaises Herbes
03:13
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MAUVAISES
HERBES
Paroles et musique Ivy
© Les éditions Ad Litteram/© Ho-Tune musique, 2008
J’avoue je vous aime
Mauvaises herbes
Vous êtes graines de voyous
On vous épure mais la nature
Vous replante dans l’heure suivante
Vivaces
Symboles de l’espoir
Le plus tenace
Quand vous percez
Ça me dépasse
Les surfaces les plus coriaces
J’aime beaucoup
Le chiendent fou qui fourre partout
Ses longs doigts roux
Et qui s’accroche
À notre insu
Quand on le pioche
Au-dessus
J’aime les arroches qui s’effilochent
Sur les roches et les monuments
Comme la langue dans la poche
Après le dernier argument
J’avoue je vous aime mauvaises herbes
Vous êtes graines de voyous
On vous épure, mais la nature
Replante dans l’heure suivante
Ses myriades d’asclépiades
Ses gros bourgeons de glouteron
Tout son banquet sans couvert
Qui m’donne le goût d’me mettre au vert
Frêles lupilines31
Prêles coquines, toutes copines
Me font de l’oeil, j’en dis pas plus
Quand je m’émerveille au coin des rues
À la vue
De l’or du liseron, du laiteron
De ces couleurs qui resteront
Quand les miennes faneront
J’avoue ce que j’aime
À en faire crier les klaxons
C’est quand je vois pousser quand même
Sur les gazons anglo-saxons
Toutes ces espèces indigènes
Dont on ignore jusqu’au nom
Mais on sait qu’elles sont sorties saines
Et sauves de la colonisation
Pour moi, chaque nouvelle repousse
Est signe de la rédemption
Après les brutes y aura la brousse
Broutant la civilisation
Fait que fuck le Louvres
Moi c’qui me botte pardi
Et davantage
C’est quand j’découvre
Des carottes
Et des radis
Encore sauvages
J’avoue je vous aime
Vous êtes amitiés qui se cultivent sans peiner
Que l’on retrouve à chaque année
Comme si on ne s’était jamais quittés
Y a bien quelques ripoux tout au plus
Comme l’herbe à poux et l’herbe à puces
Qui suscitent la confusion
Et de petites démangeaisons
Je vous pardonne, bien volontiers
Tant la leçon que vous me donnez
En est une d’humilité
Alors vaut mieux abandonner
Cette volonté de tout contrôler
Ces jeux morbides
Herbicides insecticides
Tentatives de suicide
C’est décidé
Je vous l’avoue
J’vais faire comme vous
J’vais résister
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12. |
Slam à Toi
02:40
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SLAM
À
TOI
Paroles Ivy Musique Philippe Brault + Ivy
© Les éditions Ad Litteram/© Ho-Tune musique, 2008
Pierre qui roule n’amasse pas mousse, mais tu te pousses chaque fois couvert d’un
peu plus de poussière, tu roules ta boule et tu déboules un peu hagard dans le
hangar des demi-vérités, affublé d’une langue qui ne carbure qu’à l’intention, là,
en quelque part, justement là où l’on est censé voir ce qu’on veut dire, toi tu ne
vois rien, verrat de cercueil, debout sur le seuil de la terre d’accueil où rien ni
personne ne t’accueille,
sinon des mots à prendre avec des gants, des mots entre les dents, des mots ? non,
des gémissements – tu reçois maintenant la puck des conquis et l’angoisse de
l’époque, l’angoisse du soliloque dont on paie chaque jour le prix, en toi aussi
grandit – mais joue d’audace, sois plus fantas33 que Loco Locass, casse la glace,
jacasse et slame !
Qu’attends-tu
Slame !
Et montre dents pointues
Slame !
À tombeau ouvert
Slame !
Comme slamait Jacques Prévert
Slame !
Pour les Agniers
Slame !
Toi tu n’y es
Pour rien pantoute
Et un dernier
Slam !
Pour la route
Moi ça fait vingt ans que je roule, le pied dans le prélart. Vingt ans que je trappe
les traquenards, que je tends les collets de mon art, rusé renard, puis hors-la-loi,
Horla et diable beau danseur, je me suis fait conteur et plusieurs fois le tour du
compteur en d’étranges baies, souvent bouche bée, dans le cul-de-sac de maintes
arnaques, j’ai rué dans les brancards de l’histoire – toujours perdant. De
référendums en homme sans référent, j’ai fait le party puis écarté, bien que trop
vieux pour être carté, j’ai jeté mes perles aux pourceaux et je slame !
Pour Philippe Brault
Je slame !
Mon Eldorado
Slam !
À la dérive
Slam !
Man, ça m’arrive
Je slame !
Sur les récifs
Slam !
De ton propre récit
Slam !
C’est excessif
Quand on slame une prophétie
Mon souhait, c’est qu’à ton tour, tu tires la langue et les cheveux de ce pays qui
n’est pas l’hiver, ni ce que la tribu en dit, un pays où l’on se ressource plutôt
qu’exploiter des ressources, une terre de forêts et d’eau plutôt qu’un désert de
billots, envisage le pelletage de nuages au lieu d’un autre barrage, sois de bonne
compagnie, non de mèche avec la compagnie. Toi tu es le rythme et la mélodie
de ce pays, sois l’âme et l’odyssée de ta propre vie
Et slame !
Pour te trouver
Slame !
Pour nous guider
Slame !
Pour t’élever
Et des ténèbres t’éveiller34
Slame !
Au parlement
Slame !
En sacrementv
Slame !
Pour les artistes
Si seuls après leur tour de piste
Slam !
Que ça claque au vent
Même un slam qui SLAMente tout le temps
Le slam est mort
Et vive le slam
Slame !
Sans remords
Ton slam
Quand tu s’ras prêt
Slame sur ta crazy carpet
3 minutes sans prise de tête
Man, ça va être
Ta fête.
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13. |
Slam Prophète
03:22
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SLAM
PROPHÈTE
Paroles Ivy Musique Philippe Brault
© Les éditions Ad Litteram/© Ho-Tune musique, 2008
Je voudrais faire un slam
Pour la douleur que j’éprouve
Quand le malheur me trouve
Un slam sans début ni fin
Sans couplet ni refrain
Comme une terre inféconde
Un slam de fin du monde
Qu’on jette au bout de ses bras
Sans tambour ni trompette
Envoye bon débarras
Trois minutes pis c’est fait
Un slam pis ça s’arrête
Rien dans les poches
Rien dans les mains
Sauf ce slam poche
Sans lendemain
Couvert de rouille et oublié
Comme un trésor gaspillé
Un slam rapaillé
Sans effort
Dans un opuscule
Un slam pas trop fort
Dans ses majuscules
Un slam à la dérive sur son flot
Floué lui-même
Et qui finit sur les récifs
De son propre récit
Un slam excessif
Comme une prophétie
Sans manie ni manière
Un slam sans lumière
100 % noirceur
Qui ne sonne jamais
Quand sonne la bonne heure
Un slam sans bonnet
Aux accents tragiques
Un slam qui ne connaît
Qu’à moitié la musique
Quand il vient
L’air de rien
Nous accuser
Juge et partie
Un slam qui pue le parti pris
Qu’il manie
Comme le Grand manie tout36
Un slam de service
Pour les purs et durs
Un slam truffé de vices
De procédure
Tellement épais
Qu’il parle avec ses pieds
Un slam sans respect
Qui se prend pour un autre
En marchant sur les nôtres
Sans s’excuser
L’air innocent
Alors qu’il baigne
Dans son propre sang
Alors qu’il saigne
De son propre chant
Un slam éhonté si SLAM était conté
Car le temps est compté
Le temps de ne pas mettre un slam dehors
Le temps de chien slam qui donne la chienne
Qu’on n’écoute plus
Qui nous jette à la rue
Sortie des artistes
Triste et renié
Comme un dernier
Tour de piste
Un slam qui reviendra pas
Toucher ses trente deniers
Un slam pour le dernier
D’entre nous qui slamera
La déroute
Un slam et un dernier
Pour la route
Je voudrais faire un slam
Pour la douleur qu’on éprouve
Quand le malheur nous trouve
Un slam sans début ni fin
Sans couplet ni refrain
Comme une terre inféconde
Un slam de fin du monde
Sans tambour ni trompette
Trois minutes pis c’est fait
Un slam pis ça s’arrête.
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Ivy Montréal, Québec
Après des études en Lettres où il a constaté le peu d’impact que l’art entretient sur le cours du monde, IVY, se consacrera par le biais de la littérature orale à ce que ça change. Il sortira trois disques alliant déclamation et musique à merveille . Il parcourra le Québec et la francophonie en présentant des ateliers et des spectacles d’envergure. ... more
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