1. |
Mon pays
04:06
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Mon pays
« C’est étrange de voir un peuple qui refuse son propre devenir. C’est assez étrange de voir la peur fonctionner encore. »
Gilles Vigneault, TLMEP, 13 avril 2014
Mon pays, ce n’est pas un pays
- C’est l’hiver !
L’hiver, c'est pas une saison,
- C’est l’enfer !
L’enfer, c’est qu’il est pavé de bonnes intentions
Quand j’chu prêt à tout faire
Pour vendre ma nation
Face à lui-même
Mon pays fait carême
Y a beau faire attention
Y a trop d’poids pour ses ambitions
Mais fidèle au sang de gaulois
Qui coule dans ses veines
On dirait qu’y a juste quand il boit qu'il aboie
- Qu'elle veine!
Sans jamais mordre personne au final
Et s'il montre des dents
C'est pour sourire, amical
Une tape dans l'dos
Une joke d'anglo
Une bonne gang, tu sais
Se moquent même des français
Qu'est-ce tu veux un français
Ça reste un français
Même 200 ans après sous la botte des Anglais
Ça se croit différent, parfaite référence
Esprit indépendant pourtant en dépendance
Mon pays, ce n’est pas un pays
- C’est l’hiver !
L’hiver, c'est-tu une saison?
- C’est l’enfer !
L’enfer, c'est quand on m'dit quoi faire
Dans ma propre maison
Pour apprendre à me taire
Fait que mon pays, c'est ça
Des cabanes au Canada
Leloup, Garou qui l'ouvrent grand à l'Opéra
L'auto qui est un char
Qu'on parke Icitte et là
Les chums qui parlent fort
Un peu comme Charles aboie
Pis aussi mon pays Cé…line Dion
Qui inonde les ondes de par le monde
C’est les frites fritent imbibées de gravy
Pis l’fromage en crotte qui vient tout aggraver
Mon pays à
Tête d’orignal
Sur le top boude
Vente sa
Gastronomie de fastfood
Y s’pogne le bake
Su’l’Statut Quo
Y effouare les brakes
Quand ça roule trop
Mon pays, ce n’est pas un pays
C’est l’hiver !
L’hiver, c'est pas une saison,
- C’est l’enfer !
L’enfer, c’est d’être locataire
De son propre salon
Inapproprié
Inapproprié…taire
Emportés par la chienne
Ancêtres et parkas
S’il faut qu’on s’en souvienne
Je me bien demande pourquoi
Retourner à la terre
Satisfaire au cliché
Alors qu’on vend aux enchères
Ce qu’on a défriché
Mon pays, je sais, c’est plus que ça
C’est les petits matins que le Félix éclaire
Le printemps érable
L’été des Indiens
Des gens qui sont capables
De s’indigner sans rien
Sans jamais rien demander en échange
C’est des changements en jachère
De la lumière sur les champs
Mon pays, c'est presque seul qu'il s'est semé
Mais aura-t-il germé avant les grandes gelées ?
Car je l’ai déjà dit
Mon pays
Ce n’est pas un pays
Ce n’est pas un pays
Ce n’est pas un pays
C’est une province dans le Canada.
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2. |
Québecoeur
03:05
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Québecoeur
Invité : Raoul Duguay
J’ai d’la crème dans mes « È »
Des « R » qui s’effouarent
Des « je suis » changés en « chu »
Quand chu tanné pis j’le fais voir
J’ai besoin de Trois-Rivières
Pour faire l’amour ici
Toi t’étais chaude hier
Seras-tu perchaude aujourd’hui?
On y va-tu
Moi j’le sais pas
D’où c’est qui vient ce pronom-là
Du Poitou ‘’ b’en d’un pot-de-vin
Ché pas, chu pas né grammairien
Chu pas né pour un petit pain
Tu peux venir me chicaner
Dire que chu donc b’en à plaindre
Avec mon français magané
Mais tu sais quoi
Dès qu’j’ouvres le bec, quoi
On sait tout ‘’ suite que chu Québécois
J’ai des appels-haches que je compose
Des pitounes de mots que j’arrache à l’ubac des choses
Je monte et régie, je sacre en Estrie
La langue, le gars la mâche comme le Gamache d’Anticosti
Quand tous les beaux seront en orbite
Y a p’t-être une chance qu’les Montréalais sachent où ils habitent
Qu’on ait les jarrets noirs
Les dollars
L’or en ‘tit dépôt
On est riches d’histoire
- Est pas de tout repos
Faut faire avec
Dès qu’j’ouvre le bec
On sait que je viens du Québec
On est capAbitibi
De squatter l’Témiscouata
De rouler la Gaspésie
Dans un dix roues – hein, Noranda ?
En campagne, dans les villes
Le citoyen le sait-il ?
On est mieux réunis
Sur le dos des États-Unis
Car Il faut long œil pour que Charles voie
Doigté pour glisser l’anneau d’hier
Se sentir à Saguenay et suffisamment Fjord
De jaser à contre-courant de l’Amérique du Nord
Mais chu comme toi
Pis ça m’fait d’quoi
Mais j’fais avec
Après tout, je viens du Québec
Le français, c’est notre fenêtre sur le monde
Tirez pas les rideaux de peur que jamais on réponde
300 millions de gens le parlent à chaque seconde
Québécoise, québécois, on est où sur la mappemonde ?
Mon chum, réalise !
Le fleuve est à toi
Et souviens-toi !
Ma chum réalise
Le fleuve est à toi
Et souviens-toi est ta devise.
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3. |
Muse Ailée
02:46
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Muse ailée
Courage
Donne un bon coup
Partage!
Laisse la honte s’envoler
Venir la volonté
Déterre les munitions de la détermination
L’arsenal est nécessaire à toute élocution
Et puis porte parole
Si l’on veut te museler
Arrange-toi qu’elle s’envole
Au-dessus de la mêlée
Car la muse est ailée
Plus zélée qu’un flic des stups
Elle fait sans râler
Des centaines d’heures sup
T’as hérité de la témérité
Ce qui t’a mérité
Les propos dépités
De ceux que t’as irrités
Ha ha! - Prends note
Personne n’est au-dessus des lois
Sauf ceux qui les votent
Et les Robin des bois
Alors Courage
Donne un bon coup
Partage!
Laisse la peur s’envoler
Venir la volonté
De la même manière
Que t’as de l’émotion
Authentique et sincère
Allez insère ta passion
Et puis affiche ton amour
Si on veut le voiler
Arrange-toi qu’il se voie le poing levé
Car la muse est ailée
Plus zélée qu’un flic des stups
Elle fait sans râler
Des centaines d’heures sup
N’enfile pas de gants
Y a rien à ton épreuve
L’amour est un ouragan
De forces neuves
L’œil ouvert
Sous la pluie du désir
Allez, va vers ta dernière chance de le saisir
Et courage
Donne un bon coup
Et partage!
Laisse la nuit sur place
Déjà elle s’efface
S’allume soudain la lumière du matin
Les ténèbres n’y peuvent rien
Alors déploie ta vision
Si on veut la dissimuler
Arrange-toi qu’elle dévoile les dessous d’la mêlée
Car ta muse est ailée : plus zélée qu’un flic des stups
Elle fait sans râler des centaines d’heures sup
L’image est le langage du cœur engageant les sensations
Laisse le vieil Égo se perdre en tergiversations
Dans son labo, d’intenses négociations cèlent
Son manque d’imagination alors aie le
Courage
De ta vision
De ton amour
De ta parole.
Courage!
Donne un bon coup
Et surtout : partage!
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4. |
Dysthymie
04:03
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Dysthymie
Invitée : Marjo
Tu ne bouges pas
Tu restes là
Attends-tu qu’on fasse un plat
De ton cas?
Qu’au pire, on te rassure
Sur ton état
Te tâte les paumes
Te flatte les tempes
Étampe ta viande 3A
Ah! pis qu’on palpe l’ossature
En s’inquiétant de ta température
« Fait beau, fait chaud, vaut mieux en rire »
Tu veux qu’on cherche à t’attendrir
Mais ça, y a qu’les bouchers qu’ça intéresse
Gratter jusqu’aux sot-l’y-laisse
Sucer la moelle
Jouer dans l’gras
Ensuite, y te laisseront là
Dépecé
Désossé
Insensé
À quoi t’as pensé?
Tu ne bouges plus
Tu dis que c’est plus la peine
T’attends que l’élan te reprenne
Que se relâchent ressorts et consorts
Que la cadence reparte sur le temps fort
Au quart de tour
Aucun détour
Attends-tu que claque
Le tictac du retour
Que la mécanique enfin déclique
En un cliquetis extatique
Mais ça, y a que l’horloger
Qui ferait ce qui se doit
En te remontant
Entre ses doigts
Tu serais bien avancé
- Tu crois?
Moi, j’dis : pas plus que la dernière fois
A) N’en fais pas une maladie
Prends moi : qu’on me désosse
Me fasse les poches
Je hausse les épaules
Pour tout reproche
Je regarde les gens dans les yeux
Je leur souris malicieusement
Je n’entends plus régner sur l’impasse
Tant pis que les gens passent
Me passent dessus
Je n’en ai cure
J’ai bon dos
Bon dos d’âne, bien sûr
Si leur char est bas de châssis
Tant mieux, qu’y restent assis
Sur leur complaisance dure
Moi je carbure
À une autre essence
Sans souci
A) J’en fais pas une maladie…
Dysthymie!
Dysthymie!
Dysthymie!
Allez, bouge-toi
Reste pas là
Personne qui s’arrêtera
Renonce à faire pitié
Yé! Tu y es presque!
Cesse ce cafard
Carnavalesque
Enterre ta face de carême
Ose-toi, ose-toi toi-même
N’en fais pas une maladie… d’amour
De ta dysthymie.
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5. |
Change
02:30
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CHANGE
Change tes habitudes, tu t’étudies trop
Change ton mélange, ta boue, c’est de la nitro
Change d’heure qu’on avance l’été
Change d’air qu’on aille respirer
Change de peau, serpent, si tu le vaux
Change de sonnette
Pporte ouverte, c’pas des sornettes
Tu penses donc tu fuis
Vas-y, mais je te suis
Si tu changes, philosophiquement parlant
De manteau ou de bonnet
Change de tête si le chapeau te fait
Elle en vaut la peine, ta tête
Le peuple lui fera la fête
Ce qui compte, c’est l’État
L’état dans celui que t’es
L’état où Saint Éloi lui-même dirait Wô! Votre Majesté
Vous êtes bien culottée
Va pieds nus
Vêtu de haillons
Un peu hors-la-loi
Le soleil et ses rayons
Flamboient dans les sous-bois
L’univers est un corps
Qui implore la pénétration
L’amour est encore
L’unique solution
Change tes habitudes
Tu t’étudies trop
Change donc ton mélange
Ta boue, c’est de la nitro
Change d’heure qu’on avance l’été
Change d’air qu’on aille respirer
Ailleurs.
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6. |
Dans un concert de cris
03:19
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Dans un concert de cris
Cette civilisation s’éteint dans un concert de cris
Le processus qui mène aux eaux claires tarit
La Cité étouffe, mais stoïque endure sa souffrance
Tandis qu’on paye un zouf pour constater
Que l’oxygène est un peu rance
Merci, je sais, y a du soleil et des arbres
Le soir, les chauves-souris jouent du sonar dans leurs barbes
Mais sous la pierre, je sens des forces en mouvement
Les plaques tectoniques s’enfoncent inexorablement
Dans un concert de cris
De Banda Aceh À Fukushima
On en connait le prix
Ici, la gélinotte se balade
Sans gilet pare-balles
Et dans la panique générale
Elle part faire le Jihad
Cette civilisation s’éteint dans un concert de cris
Retranchée dans ses murs, elle contemple la barbarie
Le pouvoir, hagard, reste pourtant sur ses gardes
Jette un regard de côté avant de lancer la sauvegarde
Ok, c’est beau, ne pleurons pas les ruines
Un nouveau chapitre s’écrit des moines-robots l’enluminent
Et dans les airs, j’entends le corbeau du Désert :
« RAT, tu es poussières et poussières, tu retourneras! »
L’homme n’a pas besoin d’aide, mais de souffrance
Il n’a pas besoin du confort qui apporte l’indifférence
Il n’a rien besoin d’entreprendre
Sinon l’amour, car il lui faut bien du temps pour comprendre
Mais le temps toujours lui fait défaut
Faux bonds, faux pas
Faudrait reprendre tout ça
Depuis l’début
Avant Adam, Ève, Lilith ou Lulu
Une Amérique vierge
Peuplés d’enfants venus du ciel
Ou l’Europe des cierges
Sur les chemins de Compostelle.
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7. |
S'armer de patience
04:23
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S’armer de patience
Invitée : Tanya Evanson
We have to pack our tears
We have to move inside
We have to watch our back
While we stand young and proud
Il nous faudra sécher nos larmes
S’armer de patience
Anticiper les sarcasmes des masses
Asservies à la lutte pour la survie
Au bal des cheiks masqués
Nous irons démasquer
Briguer l’or des fous
À l’insu de la foule suant sans gène l’ignorance
Et le mépris docile
Et la fadeur de vivre
Et l’engagement hostile
À tout changement
We have to pack our tears
We have to move inside
We have to watch our back
While we stand young and proud
Oui au milieu des hommes et des femmes qui circulent en grillant les feux
Pour quelques minutes de vacances en sus
Sur leurs plages-horaires
Penses-tu que j’exagère?
Moi, je me sens comme eux
Prisonnier de la vitesse
Prisonnier d’antiques idées reçues
Depuis la nuit des temps
Depuis que tomba la pomme d’Adam
Depuis la danse des Vimana
Au matin
Un moment vient où vivre signifie
Moins apprendre que reconnaitre
Moins chercher que retrouver
L’espace inviolable de sa dignité
Moins posséder que s’espacer
Moins bouger que laisser venir
Y a si longtemps que les cabales et les slogans
Gouvernent en lieu et place des hommes
Qu’on s’est habitués au spectacle
Y a si longtemps que dure la soumission
Que nul ne se souvient plus du temps où l’on était libres
Où l’on était jeunes et fiers
We have to pack our tears
We have to move inside
We have to wait and see
Quelque chose doit être fait
We have to move inside
Mais il faut s’armer de patience
Wait and see.
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8. |
Il y eut
01:30
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Il y eut
Oui il y eut l’espoir indécent
Des centaines de milliers
Remontant la rue
Des milliers d’humiliés
Et le sang répandu
Comme autant d’idéaux
Comme au temps de Mao
Je dis bien « indécent » et cela sans malice
Le sens de l’espoir
Et celui de l’histoire
Étant rarement complices
Et il y eut dans les reflets d’or du soleil couchant
L’éclat des casseroles
Chance dernière en l’écho montant
De faire entendre sa parole
Dernière façon ici-bas
D’enfoncer le clou dans le langue de bois
Rodomontades et médisance
Sont les cabinets d’aisance
Des trous d’cul
Ils font peine, peine à voir
Les fanfarons au pouvoir
Corrompus
Qu’est-ce qu’on va faire de cette Province
Les sangsues sont les Princes
Des marais, des médias
De la gibelotte, de la ratatouille
Pour ceux qui mangent la grenouille
On en fera
Une opinion, ça se respecte
Une opinion, ça se respecte
Ou pas
Tous les gouts sont pas dans la nature
Y a ceux qui donnent des coups d’autres qui endurent
Dis-moé pas que tu savais ça?
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9. |
Les marchands disent
04:43
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Les Marchands disent
Invité : Michel Rivard
Les passages en italiques sont tirés de « Marchands de bonheur »
Cher monsieur le marchand de Bonheur
Marchant sur la pointe des pieds
À l’heure du cambrioleur
Vous n’êtes pas méchant
Juste un peu menteur
Affriolé à la lueur d’une dent en or
Comme tous les commerçants
Vous êtes un peu commère sans
Trop vous commettre
Vous laissez ce soin
À ceux qui se soumettent
Vous vous exposez rarement
Sinon pour l’image
Avec entregent
Après tout
Vous êtes entre vous
Dans les vins et fromages
Vous devisez du monde
Comme il se divise
Entre preneurs
Et entre prises
On dirait même
Que c’est efficace
Le problème?
Y a l’éléphant dans la place
Sur le fond gris
De ses rêveries
Il en fait voir de toutes les couleurs
Il n’est pas méchant
Comme le chanteur l’a dit
Mais sa trompe est achalante en maudit
Chaque jour de notre longue vie
La vérité se tache et le mensonge salit
On croit mettre les voiles
On s’fait mener en bateau
Les marchands de gasoil
Se remettent à flot
Ils font les beaux défont le bail
Redéfinissent le travail
Derrière leur panache
Et sous de belles théories
L’austérité se cache
Pis là où c’t irrité, on rit
Jaune
On en arrache
Hors de la zone
De confort
On est faits forts
Mais c’pas une raison
Pris pour des valises
D’être bourrés par des cons
Cher Monsieur le marchand de bonheur
Vous voulez mon talent
Mais votre élan m’écœure
Vous aimez l’art autant que les gens
Car l’art et les gens, ça fait de l’argent
C’est large en masse le genre émergent
On ajoute d’la mélasse, on y met du piquant
Au détriment de l’art, on arrose de condiments
Les boniments des bonimenteurs
Qu’on dit menteurs
Arrêtez de m’faire croire
Que c’est ma vie qui vous tient à cœur
Je ne vous ai jamais cru
Je vous connais par cœur
Marchands de bonheur
Je vous connais par cœur
Marchands de bonheur
Marchands de bonheur.
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10. |
Va faire ta guerre
04:47
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Va faire ta guerre
Avec citation de « Give Peace a Chance » (John Lennon)
Ça fait des années que je t’observe
C’est pas bien difficile, les yeux
Les oreilles, y aurait fallu qu’on me les crève
Pour ignorer ton p’tit jeu
Depuis le temps que tu nous endors
Monsieur le marchand
D’arme/ment/songes de sécurité
Quand tu rêves/olver
Un nouveau demain
Sans sexe comme les anges
Sans âme comme ces engins
Que t’achètes sans appel d’offre
Quel effronté, tu fais
Monsieur le Ministre
De l’indécence nationale
Et du port d’armes
T’as pas honte?
Croiser le fer
Semer les feux de l’enfer
Juste pour satisfaire tes ami/litaires ?
C’est clair
On aurait dû s’en douter
Comment un sauvage de ton espèce
Peut-il éprouver de la tendresse pour les démunis
À moins que ce ne soit des munitions ?
Monsieur le ministre de la stupéfaction et des boucheries
Nous t’entendons t’attendrir sur la viande froide
Chaque fois quelle revient au pays les pieds devant
Et c’est presque la fête dans ton agenda
Quand tu te recueilles devant le cercueil d’un soldat
Et avec cette voix grave qui parle pour la nation
Tu redonnes le cadavre comme une preuve d’affection
Ça t’honorerait presque si on ignorait qu’après tu l’oublies
Dans la fosse commune
À la Chambre des communes
T’en rates jamais une
C’est facile
T’as la chance d’avoir des amis/siles
Qui tirent à boulets rouges
Sur tout ce qui bouge
Dans le sens contraire
Des aiguilles du monstre
Monsieur de la balistique et du calcul
Ta montre à toi recule
Quand le ton monte au front
Des opinions tranchées
Lorsque tu informes nos bataillons
Qu’un sang impur abreuve les couillons
Car ton bras sait porter l’épée, l’épais
Il sait porter l’effroi
Jusque dans froid
De la tombe
De la colombe
De la paix
M. le Grassouillet
Le Souillé
Le Suprême de poulet
Va la faire toi-même ta guerre
Et tant qu’à y être, invite tes amis
Allez! Tous au champ d’honneur et restez-y!
Qu’on vous enterre pour la dernière fois
Pour la dernière guerre
M. le Dernier Sous-Fifre
Va faire ta guerre
Va faire ta guerre
Va faire ta guerre
Va faire ta guerre!
All we are saying is give peace a chance!
(John Lennon, Give peace a chance)
« Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue
Et la nuque (…) baignant dans le frais cresson bleu
Dort (…) dans le soleil, la main sur sa poitrine
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit »
(Arthur Rimbaud, « Le dormeur du val » (extrait))
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11. |
L'espoir inguérissable
05:02
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L’espoir inguérissable
Pour une seule guérison
L’homme qui pleure
Donnerait le beurre
L’argent du beurre
Les fruits de son labeur
Et les clés du bonheur
Il donnerait ses souvenirs
Le gout des lèvres
L’arôme du pain qui lève
Le pain, le vin, l’amour et l’avenir
Pour guérir de ce désir fugace
Qui tant lui fit perdre la face
Pour une agace (garce) de passage
Alors qu’il n’avait pas l’âge
Légal, létal pour mourir d’amour
Y ‘n a bavé plus qu’à son tour
Dans la cour des soupirants adolescents
Dire qu’enfant y voulait tant
Voir à travers les vêtements
Voir ce qu’elle voulait dire au juste maman
Quand elle disait qu’il verra bien quand il s’ra grand
En attendant, fini le placotage
- Sois patient, car Patience et longueur de temps
Font plus que force ni que rage
(Parenthèse)
J’ai beau avoir vieilli
J’ai toujours pas compris
Ce que le « ni » vient faire ici
(Parenthèse)
Ni en quoi c’est si dur de faire son nid
C’est à la portée de n’importe qui
Du lion, du rat, du chien, du chat
Des vaches naines
Aux sales Hyènes
Concevoir ça se conçoit
Pas besoin d’être Einstein
Ou DSK pour ça
Franchement
Un jour, ça arrive
Elle vient, il vient
Y s’endort, elle repart
Mais l’espoir, lui, reste collé au corps
L’espoir de plus
D’accomplir plus
L’espoir du minus déçu
Qui cherche entre des cuisses
Les coulisses du paradis perdu
Et pis voilà que Maman dit que c’est toute une affaire les enfants
Qu’il faut concilier travail et famille
Qu’elle n’a pas vécu sa vie de jeune fille
Et qu’elle doit quand même penser à elle de temps en temps
Alors pendant qu’elle y pense
Papa se demande encore pourquoi
Elle y tient tant
Maintenant
Aux enfants
Pour n’avoir pris garde
Pour n’avoir su monter la garde
Pour avoir la garde
De ses enfants
L’homme qui pleure
Donne le beurre
L’argent du beurre
Les fruits du labeur
Et les clés du bonheur
Les clefs sous le paillasson
Clefs du char
Clés du chalet
Du compte en banque
De la maison
Pis y s’enferme entre 4 murs
Entre 4 murs et l’arme à gauche.
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12. |
Les entrailles
03:42
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Les entrailles
Rien, absolument rien ne transpire du compacté chaque jour par les nouvelles. Pour y trouver un iota de vérité faudrait passer sa vie rivée aux écran ou branché direct sur l’expérience collective en réseau. Ou alors faudrait mâcher le présent tellement qu’à la fin, il serait périmé.
Le monde bascule peu à peu dans l’illusion et la dérision des faiseurs de cash. Et toujours nous nous consolons avec des bribes du festin de la réalité. On se console par mille merdiques trouvailles - tant que la faim est satisfaite et que la bidoche assure. Au pire, on se la raccommodera ensemble la viande à la suture Frankenstein, au bout de la liste noire de l’attente.
Et comment je fais pour me relever chaque jour avec les crocs de l’espoir, ce chien aux dents jaunes, fichés dans le torse? Je ne sais pas : rien ne triture plus les entrailles que cet entêtement qui ne dit pas son nom. Et cette impuissance qui résiste aux plus laxatives purges, faut bien que je vive avec.
Ils vont en trouer des routes ozonées avant de consentir à nous achever. Le Grand Tchernobyl et ses administrés rivaliseront de Mantras pour nous subjuguer. Les humoristes feront l’aumône, mais leurs mandalas ne suffiront plus.
Alors les publicistes révèleront le véritable visage de la curée. Une dernière fois, la foule renouera avec l’extase - si vous préférez mourir avant : faites-le. Sinon, prenez vos précautions : ça pourrait finir par se tasser, qui sait? L’avenir est une bombe à retardement.
Qui croira savoir devant ce vertigineux accroissement tumoral de l’imprévisible ce qui doit être fait se la ferme.
Tu peux toujours faire signe à ton congénère d’un poste à l’autre de travail, ça relève d’un réflexe fantôme.
Espèces et espaces se préparent au coup de grisou.
Le silence diffuse un étrange chapelet d’ondes.
Dans la fumée, la lumière descend sur nous comme au premier matin du monde.
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13. |
Qui
04:19
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Qui
À qui appartient la chaleur
La fraicheur
L’amour inconditionnel?
Pour qui le ressac
Ou chaque
Spectacle de l’arc-en-ciel?
Qui d’un simple coup de filet
S’emparerait des reflets sur l’eau?
Qui peut me dire quand
Le sel fut mis dans
Nos sanglots?
Qui laissa si délicates marques
Sur les ailes des Monarques?
Qui a concocté la formule
Pour encoder les molécules?
Si Le soleil naquit
De la force d’attraction
Mon âme n’est pas le fruit
De mon imagination
Car il est bien Myope
Celui qui opte pour un monde
Au hasard réduit
Bien sourd qui n’oit que bruit
Là où se répondent
Chants et symphonies
Oui, il faut être fait roc et froid
Pour ignorer le rocambolesque feu de la foi
Du nano monde
Aux galaxies
La même seconde
De temps infini
Occupe tout l’espace libre
Le disque de l’amour vibre
Big Bang!
Grand Frisson
L’Univers et sa gang
Passent à L’action
Ici : la gravité attire sans choisir
Là : les comètes de l’esprit embrasent le désir
Éclairant au passage
Le cul du Vilain
L’auréole du Sage
Et celle du Saint
Qui avait intérêt
Histoire de toucher les profits
À mettre sous arrêts
Le Divin Sans-abri?
Mais faut pas manger ci
Faut pas dire ça
Pas toucher aussi
Et vice et versa
Fatwa!
Commandements!
Bulles et Crédo!
Sang versé
In Nomine Deo
Djiad, attentat
Horreur patentée
Femmes muselées dans les Mosquées
Théoriser!
Diviser!
Culpabiliser!
Pourtant si Ça crée
C’est sacré!
À qui appartient la chaleur
La fraicheur
L’amour inconditionnel?
Pour qui le ressac
Ou chaque
Spectacle de l’arc-en-ciel?
Qui d’un simple coup de filet
S’emparerait des reflets sur l’eau?
Qui peut me dire quand
Le sel fut mis dans
Nos sanglots?
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Ivy Montréal, Québec
Après des études en Lettres où il a constaté le peu d’impact que l’art entretient sur le cours du monde, IVY, se consacrera par le biais de la littérature orale à ce que ça change. Il sortira trois disques alliant déclamation et musique à merveille . Il parcourra le Québec et la francophonie en présentant des ateliers et des spectacles d’envergure. ... more
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